27/11/2011

Encartade John Keats

  
Petit écart à mes livres habituels pour consacrer cet article à la poésie. Plus particulièrement au poète anglais du XIX° siècle, John Keats.  Comme l'un de ses poèmes le plus célèbre, il a été une brillante étoile (filante) de passage sur terre, puisqu'il est mort jeune à 25 ans, emporté par la tuberculose. Mais son passage bien qu'inaperçu et oublié à son époque reste éclatant et ancré profondément dans le romantisme anglais et de manière générale le romantisme tout court.


Je l'ai découvert au moment de la sortie du film "Bright Star" (poème éponyme) de Jane Campion. J'ai été profondément touché par le film en général, la biographie et l'histoire d'amour qu'il a eu avec cette fameuse Fanny Brawne. De part la délicatesse de son approche de la vie, de son oeuvre et de ses mots bien entendu.

Ses vers sont empreint  d'un certain mystère, et de voiles d'ombres. Ses sujets de prédilections, sont la nature, la contemplation, les malheurs de la vie, mais aussi le bonheur et l'amour lors de son aventure amoureuse avec Fanny, ainsi que les divinités grecques, la personnification des éléments de la nature. A la lecture j'ai ressentit le plus souvent un aspect aquatique de pré ou de loin dans ses vers, que ce soit dans ses mots ou dans la structure générale de ses poèmes.


Un poète qui peut réconcilier avec la langue anglaise, pour ceux comme moi qui garde un mauvais souvenir du collège et du lycée, de professeur trop acharné ou au contraire "préférentiste" de certains élèves.... Non seulement il m'a réconcilié avec l'Anglais notamment par les sonorités des mots et les vers qui semblent mieux concis et plus à leur place en langue originale. Même si en Français les textes sont beaux, il reste que ces poèmes n'ont pas été fait pour le Français à la base, et même avec la meilleure traduction, ont peut ressentir un légère "cassure" du phrasé.

Sur son épitaphe est écrit : "Ici repose celui dont le nom était écrit dans l'eau". Cela résume assez bien son oeuvre et sa façon de voir les choses. Car cela m'a attiré dès le début dans ses écrits :  ses poèmes sont écrit à la manière d'un ruisseau, d'une onde d'eau qui coule, fluide et profond à la fois. Mystérieux et calme, miroitant et reflétant la beauté du monde et des choses cachées.

Pas un mot de plus pour l'instant, je vous laisse vous imprégner  des mots de son oeuvre par les trois textes que j'ai sélectionné.



BRILLANTE ETOILE

Brillante étoile, constant puissè-je à ton instar
Non pas naviguer seul dans la splendeur du haut de la nuit
A surveiller de mes paupières pour l’éternité désunies,
Comme de la nature l’ermite  insomnieux et patient
Les eaux mouvantes dans le rituel de leur tâche
D’ablution purifiante des rivages humains de la terre.
Ni contempler le satin du masque frais tombé
De la neige sur les montagnes et sur les landes –
Non, mais toujours constant, toujours inaltérable,
Avoir pour oreiller le sein mûr de mon bel amour,
Afin de sentir à jamais la douceur berçante de sa houle,
Eveillé à jamais d’un trouble délicieux,
Toujours, toujours ouïr de sa respiration le rythme tendre,
Et vivre ainsi toujours – ou bien m’évanouir dans la mort.

John Keats 1819


LA SAUTERELLE ET LE GRILLON

La poésie de la terre ne meurt jamais :
Lorsque tous les oiseaux défaillent du soleil brûlant
Et s’enfouissent dans la fraîcheur des arbres, une voix court
De haie en haie autour de la prairie que l’on vient de faucher ;
C’est celle de la sauterelle – elle prend la tête
Des fastes de l’été, - jamais elle n’est rassasiée
De ses plaisirs : car lorsqu’elle est épuisée de la fête
Elle se délasse à l’aise sous quelque herbe riante.
La poésie de la terre jamais ne cesse :
Par un soir d’hiver esseulé, quand le gel
A bâti son œuvre de silence, crécelle du poêle jaillie
Voici la chanson du grillon qui, plus chaleureuse sans cesse,
Semble à celui que la somnolence égare à demi
La chanson de la sauterelle parmi l’herbe des collines.

1816



LORSQUE ME VIENT LA PEUR DE POUVOIR CESSER D’ETRE

Lorsque me vient la peur de pouvoir cesser d’être
Avant que ma plume ait glané mon fertile cerveau,
Avant qu’en haute pile les livres, imprimés,
Enserrent, greniers pleins, la récolte bien mûre ;
Lorsque sur la face étoilée de la nuit j’aperçois
Les immenses symboles nuageux d’une grande épopée,
Et pense que peut-être je ne vivrai assez
Pour en tracer les ombres de la main magique tu hasard ;
Et puis lorsque je sens, belle créature d’une heure,
Que sur toi mon regard ne se posera plus jamais,
Que jamais plus je ne goûterai au pouvoir féerique
De l’amour sans souci : alors sur le rivage
Du vaste monde, seul je demeure et songe
Le temps qu’Amour et Gloire s’abîment au néant.


Pour des informations plus complètes, je vous renvoi vers une page et un site très bien construit par un passionné surement : http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/keats.html  

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